Protectorat 3ème partie : Chapitre 3

Sur Shalloo, les forêts qui entouraient Remuet City étaient le lieu d’une véritable guerre stratégique. La ville était convoitée par une ancienne colonne blindée de Fabius, stationnée ici depuis son départ, et ignorant peut-être même sa disparition. Les plaines offraient un accès direct à la cité Remuet, et contrôler sa périphérie signifierait surement libérer la ville. Car dans ses nombreuses galeries et sous ses bâtiments en ruines, Remuet City abritait elle aussi un fer de lance, mais ce dernier tenait plutôt de vieux caissons rouillés, de Russ récupérés dans les débris de champs de batailles et rafistolés avec les moyens du bord, que de véritables chars d’assaut.

Deux camps s’affrontaient pour cette cité pourtant déjà perdue : l’un pensant la victoire de l’Imperium encore possible, l’autre roulant sous la cacophonie de la désolation.  

Mais cette guerre isolée dans le système Calliope n’avait de désolation que d’apparence. Derrière la lutte cadienne se dressaient les crédits de Tarek, et derrière la rébellion de Shalloo l’effort industriel de Novalis.

Sur la tourelle d’un Russ, sorti de son écoutille, Eschyle était toujours là – ce même Eschyle qui avait défendu les intérêts du Protectorat sur Dal Bootha. Lui et ses hommes avaient labouré littéralement les champs à bord de ces Russ d’un gris terne, et la première vague cadienne avait été réduite en miettes.

Eschyle avait néanmoins surestimé la puissance de ses poubelles à chenilles, et mieux encore sous-estimé son adversaire. Rien n’avait pu autant maintenir la passion de ces soldats que le zèle qu’ils avaient à entretenir chacun leur tank. Chaque équipage vivait nuit et jour dans ces machines, lesquelles se confondaient dans les forêts incommensurables de Shalloo.

Durant la seconde offensive, le feu de l’Executioner n’avait alors rien pu faire face à la vivacité des Russ cadians. Au contraire ! les machines de ces larbins avaient tenté vainement de se cacher derrière le nuage bleu-plasma d’Eschyle.

Sans chef d’armée, sans Fabius, sans véritable but si ce n’était ces bois et leur cité puante, les Cadians venaient d’ouvrir une brèche droit devant Remuet City.